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MANIFESTE

L’ARCHITECTE OBJECTEUR DE CROISSANCE

 

Résumé du mémoire

LA DECROISSANCE: UN NOUVEAU PARADIGME

 

Pourquoi la décroissance ?

 

Notre monde fonctionne depuis deux siècles en prélevant de façon inconsidérée dans les ressources naturelles, comme si elles étaient inépuisables.

 

L’économie mondiale repose sur la croissance économique, c'est-à-dire sur l’accroissement d’année en année du PIB. Sans croissance économique notre système productiviste ne fonctionne plus. Or la majeure partie de ce PIB résulte d’une transformation de la matière prélevée dans la nature, au moyen d'énergie d’origine principalement fossile. La poursuite de la croissance implique donc que l’on prélève de plus en plus de matière, que l’on consomme de plus en plus d’énergie tout en produisant déchets et pollutions, dans une boucle entropique délétère . A ce rythme, tous les prophètes de malheurs auront eu raison: la survie de la biosphère et de notre espèce est compromise à brève échéance...

 

Des tentatives de découplage entre la croissance économique et la consommation de ressources ont donc été tentées depuis trois decennies, afin de sauver la biosphère mais, aussi, surtout la croissance. On reconnaît aujourd'hui que ces tentative se soldent par un échec. La dématérialisation de l’économie, le développement durable, la croissance verte, avec souvent le prétexte du CO2 n'ont produit qu'un découplage relatif et même parfois un effet rebond. La razzia continue, la fin des ressources se profile et le problème semble ignoré par nos dirigeants. En fait seule la recherche de la croissance importe. Par une abérente confusion d'esprit, résultat d'un conditionnement profond de nos consciences, le problème devient La Solution...

 

 Si ce découplage est donc impossible il faut cesser cette accélération de l'économie, donc renoncer à la croissance. C'est-à-dire entrer dans un système décroissant, par choix raisonnable, avant que les conditions nous l’imposent par obligation. Car pour que notre monde soit soutenable, il faut non seulement ralentir mais quasiment stopper tout prélèvement, ou au moins le réduire à un rythme qui permette aux ressources naturelles de se régénérer, c'est à dire à un rythme extrèmement lent. En effet pour l'instant, rien ne peut se substituer à certaines matières premières et aux énergies fossiles. Un pari sur l'avenir dans une confiance aveugle en la techno-science n'est sans doute pas raisonable: ne faut-il pas laisser des choix possibles aux générations futures?

 

Mais finalement, la décroissance, ce gros mot qui fait si peur, pourait être finalement beaucoup  plus désirable qu'il n'y paraît. A tel point qu'une humanité ayant choisi cette voie, enfin débarrassée des affres d'un monde productiviste et inéquitable, y regarderait peut être à deux fois avant de se replonger dans la course, au cas où une nouvelle dot de la nature se présentait...

 

 

Qu’est ce que la décroissance ?

 

La décroissance, en tant que projet, ne signifie pas « l’inverse de la croissance » dans un système reposant sur la croissance; ce qui ne serait alors qu'un synonyme de récession, chômage de masse et misère. La décroissance choisie n’est pas non plus un impossible retour en arrière. C'est en réalité un changement de paradigme anthropologique où, débarrassés de nos obligations de consommateurs spectateurs, il nous serait possible de vivre mieux avec moins, en consommant et en travaillant moins. Cette frugalité questionne  nos réels besoins, en se recentrant sur ce qui, au-delà de la simple subsistance, est essentiel à notre bien-être : la santé, la culture, les loisirs, le lien social. La notion de décroissance remet donc en question la marchandisation du monde, implique la relocalisation et pose la question de la gratuité et du partage. Cette logique est tellement inverse du paradigme actuel qu’il nécessite une révolution des consciences, une décolonisation de notre imaginaire. Le passage de l'attitude du prédateur à l'attitude du jardinier.

 

Au stade de conscience où nous nous trouvons, ce projet de décroissance paraît être une utopie ;  mais une utopie réaliste, qui semble bien être la seule issue…

 

Le mouvement de la Décroissance est multiforme. Il part de la base, par l’ « objection de croissance », reposant sur trois pieds : la simplicité volontaire au niveau individuel, les expérimentations au niveau collectif et les manifestations publiques au niveau politique. Les expérimentations collectives sont appelées à s’étendre à tous les champs d'activités et domaines de la vie, y compris la construction de notre cadre de vie.

 

DECROISSANCE, URBANISME ET ARCHITECTURE

 

Aménagement et construction en transition

 

Le cadre de vie est déterminant dans la sensation de bien-être, et apte à privilégier le lien social. De plus le BTP en tant qu’activité fortement consommatrice de ressources, donc productrice de déchets est un champ d’action de premier rang dans la transition vers une société post-développement. A l'instar de l'agriculture, et contrairement à de nombreux autres domaines comme l’industrie ou les transports, la construction peut s’adapter assez facilement à cette évolution nécessaire, sans attendre une transition de l’ensemble de la société.

 

La construction des bâtiments, et même l’aménagement des espaces extérieurs, peuvent en effet s’appuyer sur les forces vives et les productions locales en privilégiant les circuits courts.

C’est un secteur qui est peu sensible aux modes et aux habitudes de sur-consommation.

De plus il est ouvert à l’auto-construction, domaine dans lequel l’architecte est par définition très peu présent.

 

Décroissance et développement durable

 

Le terme « développement durable » est un oxymore. Comme le souligne ce mémoire aucun développement n’est finalement soutenable. La transition des sociétés très développées vers une aire post-développement ne pourra pas se faire grâce au développement durable, qui ne devrait être que le modèle de développement des pays manquant encore des conditions minimales à l’épanouissement de leur population : assainissement, accès à l’eau potable, infrastructures sanitaires, sociales et culturelles. Ces pays peuvent par contre, par un renversement réjouissant des références et des valeurs, être un modèle dans les expérimentations de transition des sociétés développées.

 

L’architecte désirant se situer dans cette expérimentation de transition doit s’inspirer d’expériences déjà menées, y compris dans les pays dits « sous développés », qui ont par contre souvent conservé leur richesse culturelle . Sans rejeter en bloc le développement durable, il en récuse toutefois le pilier économique. Dans une société post-développement, l’économie n’est plus une fin en soi, elle redevient ce qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être : un moyen d’échange et de gestion au service des communautés d’individus, dans le respect de l’environnement et de la culture. L'objecteur de croissance remplacera volontiers le pilier économique par le pilier culturel. Il s’accommodera par contre très bien de l’essentiel du pilier environnemental et du pilier social dans lesquels il exercera toutefois un droit d’inventaire. Les quelques « fausses bonnes idées » du développement durable inventoriées dans ce mémoire sont en effet non soutenables.

 

Les objectifs de l’architecte objecteur de croissance :

 

L’objectif principal de l’architecte objecteur de croissance est de ne rien faire qui contribue à puiser dans les ressources, tout en oeuvrant localement pour le re-tissage des espaces de lien entre les individus.

 

Dans un projet de construction il a pour objectif de déterminer le bien-fondé d’un programme, en se posant la première des questions : est il bien nécessaire de construire ?

 

Les outils de l’architecte objecteur de croissance

 

Les outils possiblement décroissants, décrits dans ce mémoire, sont principalement l’utilisation de matériaux sobre en énergie grise et la construction avec les déchets et les matériaux de réemploi.

 

Les matériaux et techniques sobres en énergie grise

 

La terre, le bois, la paille et la pierre ont pour caractéristiques communes d’être souvent disponibles sur le site, ou à proximité immédiate, le but étant de limiter voir éviter tout transports.

Pour certains, ceux sont des matériaux gratuits dont la mise en œuvre nécessite toutefois plus de mains d’œuvre. Ils ont donc pour résultat de revaloriser la main d’œuvre locale puisqu’ils transférent une grande partie du budget de fournitures vers la rémunération du travail, donc des groupes industriel et financiers vers les individus.

Ceux sont également des techniques accessibles à l’auto-constructeur dans le cadre de chantiers participatifs, où l’échange d’énergie humaine et de savoir remplace le travail rémunérateur, assurant la construction du cadre de vie de ses pratiquants au sein d'une économie altérnative, non portée par le crédit et la conosmmation, mais porteur d'entraide et de plus de liens.

 

Le low-tech

 

Par contre, mis à part le bois, ces techniques ne sont pas adaptées aux centres-villes denses.

La ville dispose de ses propres ressources, à commencer par des espaces déjà construits, dont la fonction tombera en désuétude dans le cadre d’une transition de type « ville lente ». Les espaces dédiés à la voiture, comme les parkings silo, les garages, les centres commerciaux et nœuds autoroutiers urbains sont des supports rêvés pour une réappropriation de la vie sur le désert mécanique.

 

D’autres ressources, considérables mais toutefois épuisables, sont les matériaux de réemploi et les déchets. Ceux sont également des matériaux sobres en énergie grise puisque initialement promis au recyclage. On peut même parler d’énergie grise négative puisqu’elle n’est pas mis en oeuvre. Ceux sont des matériaux souvent d’un niveau de complexité et hiérarchique élevé dont la réutilisation ou le réemploi est porteur d’un nouveau style architectural restant à inventer.

 

Pneus et bouteilles

 

Enfin, un autre outil, partout applicable est la construction éphémère, destinée à accueillir des fonctions provisoires.

 

 

Le rôle de l’architecte objecteur de croissance :

 

Reconceptualisation radicale de son métier.

Dépasser les limites imposés par la loi (déchet, normes etc...)

  • architecte indisciplinaire

  • accompagner l'autoconstruction

  • s'impliquer dans les filière d'approvisionnement

  • réorganiser la profession

  • susciter et animer la concertation

 

 

Son rôle sera ensuite d’animer la concertation des différents acteurs, en élargissant celle-ci aux limites de l’écosystème. Il dressera ensuite l’inventaire des ressources énergétiques, matérielles et collaborations humaines disponibles sur le site, et élaborera un projet sur ces bases.

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